le crayon
Il y en a plein la maison ; ils trainent sur les tables, les meubles, les bureaux ; il sont dans des pots, dans des boites, tombés par terre, sur le tapis ; il sont partout, disponibles, car on en a toujours besoin .
Vitalement besoin et ils faut qu'il soit prêts ! Omniprésence nécessaire .
On les taille parfois pour aiguiser la pointe, affiner le glissage .
Parfois la mine est large et le trait trop gras ; c'est pas grave .
D'ailleurs, écoutez ce que celui-ci a à dire ...
Je suis posé là et j'attends qu'elle me prenne .
Elle, c'est la main droite de mon amoureuse .
Dès qu'elle m'attrape , je sais qu'elle va me faire vivre, glisser et j'adore ça .
C'est une sensation de fuite, d'envahissement, de conquête, une défloraison de feuille blanches ou quadrillées .
C'est bon .
Je ne commente jamais ce qu'elle gribouille ; elle ne le tolèrerait pas .
Je sais juste qu'elle va épancher ses sentiments et que c'est vital pour elle ; je le sens cette urgence car elle me saisit parfois à la hâte comme si c'était son dernier recours, son dernier souffle .
Je me contente d'accompagner ses pensées, ses rêves, ses larmes , ses doigts .
Elle ne supporterait de moi aucune initiative .
D'ailleurs , elle ne supporte pas grand chose !
C'est pour ça qu'elle ne dessine pas ; elle se doute que je pourrrais l'entrainer là où elle ne veut pas ; et elle , elle aime vouloir .
On dit qu'elle a du caractère ; un sale caractère, oui ! Insupportable .
Elle m'utilise pour l'adoucir ou le rendre encore plus mauvais .
Ca dépend l'heure de la journée .
Ca dépend l'heure de la journée .
Elle me glisse entre ses doigts et j'aime bien ; je suis bien placé ; elle a une bonne pince comme disent les maitresses d'école !
Une bonne pince ; elle me serre, mais pas trop, elle m'agrippe et je me sens en sécurité ; elle ne me laisse jamais tomber et elle ne me fait pas mal, au contraire , elle me permet de vivre un petit peu .
C'est agréable de lui appartenir ... je crois qu'elle m'aime .